#16 sortie de résidence

Une sortie de résidence, c’est un moment de fragilité inouïe, durant lequel nous dévoilons un petit bout de ce que nous sommes en train de faire, alors que rien n’est fixé, que la confiance est encore en cours de construction et que la proposition en est toujours à ses balbutiements. C’est un espace d’expérimentation heureux, où l’œuvre commence à émerger parfois malgré nous, où la confiance se bâtit et où le vivant affleure puisque pour la première fois, alors que notre travail est offert au regard de l’autre.

THÉÂTRERÉPÉTITIONSRÉSIDENCE

Erica Letailleur

1/23/20252 min read

Sans lieu fixe, nous naviguons entre plusieurs points de chute, pour préparer nos créations. Entre deux résidences, il existe un espace de retour à soi et d’introspection. Ainsi, nous oscillons entre des temps intenses de partage où les idées et les rencontres entre nous et avec nos publics bouillonnent, et des temps plus intimes où nous nous trouvons face à nous-mêmes.

Ces deux espace-temps me semblent particulièrement nécessaires et riches. On pourrait penser que la distance que j’évoquais il y a quelques mois est un facteur d’éloignement et de dispersion de l’équipe artistique. Je suis, au contraire, de plus en plus convaincue que c’est aussi un moyen de nous rapprocher et de tisser des liens qui vont au-delà du simple hic et nunc que je chéris pourtant au théâtre.

La résidence, c’est une modalité de création qui nous oblige à vivre littéralement ensemble. C’est accepter que le temps s’étire alors que l’espace se rétrécit. C’est se dire que quoi qu’il arrive pendant les moments où nous sommes ensemble, cela s’inscrit dans notre mémoire collective et tisse la genèse de notre création.

En décembre, nous étions à Persac, au Bruit du Trapèze, pour une résidence d’une semaine avec les comédiennes Léa Altman, Noémie Mailhol et Debora Moreira. Nous avons répété la première moitié du premier acte des Criminelles. Nous avons organisé une sortie de résidence avec le public local. C’était pour toute l’équipe un moment d’intense émotion, car il s’agissait de la première fois où notre travail rencontrait le spectateur.

Une sortie de résidence, c’est un moment de fragilité inouïe, durant lequel nous dévoilons un petit bout de ce que nous sommes en train de faire, alors que rien n’est fixé, que la confiance est encore en cours de construction et que la proposition en est toujours à ses balbutiements. C’est un espace d’expérimentation heureux, où l’œuvre commence à émerger parfois malgré nous, où la confiance se bâtit et où le vivant affleure puisque pour la première fois, alors que notre travail est offert au regard de l’autre.

C’est aussi le moment, la sortie de résidence, où les choix se confirment (ou s’infirment). Le moment où l’on se dit qu’on est bon endroit, avec les bonnes personnes, et que l’on va persévérer car le jeu en vaut la chandelle.

Notre prochaine étape de travail est prévue au mois de février, à Paulhiac, au Centre Au Brana.